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Christian Lagrange
Éditions de La Martinière Jeunesse, 2007

par Graziella Deleuze

Murmure… comme les petits cris d’une souris au fond d’un trou. Murmure… comme le nom que la  narratrice, une jeune adolescente, donne à la souris qui se niche dans la brèche d’un mur, cette brèche qui fait entrevoir une ombre, un visage, celui d’un jeune garçon qui ne parle pas la même langue que la narratrice. Alors les jeunes gens tentent de se rencontrer par les mains et de se comprendre par leurs doigts, en se touchant. 

 

Mais une autre page de l’album nous ramène à la réalité : la sœur de la narratrice est soldate ; elle raconte, le soir à table, des émeutes avec des enfants et la riposte de l’armée… des balles de soldats contre des pierres d’enfants. Les portes claquent entre les deux sœurs. Pourvu que le garçon soit vivant… « Prends-moi la main, serre-la bien fort. J’ai tellement peur de ne te connaitre qu’au travers d’une brèche. Dans un murmure de béton ». Et voilà donc que le mot murmure est bien moins doux à nos oreilles. 

 

« Au début, il n’y avait rien. 
Le vide. 
Puis vint le soleil. 
Le ciel, la terre. 
La vie, les arbres. 
Les hommes. 
La souris.
... Et le mur ? »

En ce mois de novembre 2019, les médias commentent les 30 ans de la chute du mur de Berlin  et nous rappellent qu’il y a aujourd’hui, dans le monde, dix fois plus de murs qu’il y a 30 ans. Avec un dessin sobre et un choix soigné des mots, l‘album Murmure raconte cela : l’absurdité de l’obsession de l’érection de murs qui ne nous protègent de rien, même pas de nos peurs, qui obscurcissent notre champ de vision de l’avenir et qui nous empêchent de voir toute l’humanité du regard de l’autre, notre frère.