Skip to main content

Pablo
Bruxelles: Éditions Pastel, 2019

par Graziella Deleuze

Le dernier album de Rascal, Pablo, s’inscrit dans la veine minimaliste et poétique où l’auteur excelle : quoi de plus simple, basique, quelconque qu’un œuf noir, posé là sur une pleine page, sur fond blanc. « Chuuuuut ! C’est la dernière nuit que Pablo passe dans son œuf ».

 

Mais l’œuf va se trouer parce que Pablo est trop grand et qu’il doit maintenant sortir de son cocon. Il creuse un petit trou dans sa coquille, puis un deuxième, un troisième, un quatrième... Pas de doute possible : nous assistons à la naissance de Pablo, une naissance qui prend son temps ─ quelques pages ─ pour se dérouler devant nos yeux. C’est que Pablo a un peu peur du monde et ne semble pas pressé de se défaire de sa coquille qui perd un morceau à chaque page. Mais cette coquille est aussi le berceau de Pablo. Et même s’il s’en débarrasse progressivement, encouragé par ce qu’il voit, sent, entend, il gardera le dessus de sa coquille pour se protéger « les jours où… », dit le texte, un jour de pluie, montre l’image. Simplicité du propos et du dessin, binarité des couleurs, symbolique de l’image, thématique abordée avec une poésie douce, Pablo célèbre la naissance d’un oisillon mais aussi toutes les beautés fragiles de ce monde qu’il découvre : l’odeur de la terre, le parfum des fleurs, le bruit du vent, les cris des corbeaux. Pablo ne veut rien perdre de ce monde du vivant qui l’accueille même s’il appréhende son envol dans celui-ci. Souhaitons-lui une longue vie dans son monde fictionnel !
On a envie d’offrir cet album à tous les petits nouveaux qui débarquent sur notre terre et aux adultes qui pensent en avoir fait le tour, pour dire aux premiers qu’il sera toujours possible de trouver refuge dans un recoin de son enfance, aux seconds, qu’il faut toujours garder un souvenir de celle-ci pour ne pas vieillir trop vite…