Edito

Depuis sa naissance, l’ABLF s’est donné pour mission d’étudier les pratiques visant à mieux lire et écrire. Ce numéro 66 de la revue Caractères ne déroge pas à la règle mais élargit le spectre en proposant une focalisation sur des écrits qu’on qualifie généralement de réflexifs, désignant ainsi des productions dont la finalité n’est pas tant la qualité du produit fini que le processus d’écriture.

Cet adjectif, accolé aux écrits, tire son origine du travail de Dewey (1933/2004) sur la réflexivité que l’on pourrait définir comme un processus cognitif continu permettant d’observer sous différents angles sa propre pratique et d’y réfléchir délibérément afin de l’analyser, la questionner, l’évaluer pour pouvoir la réguler et l’améliorer.

Patricia Schillings analyse des écrits appréhendés comme outils de régulation comportant un double objectif : rendre visible les enjeux des apprentissages et favoriser l’explicitation des démarches cognitives. Elle montre aussi, dans son article, comment ces écrits peuvent être utilisés comme outils de pensée et croiser des apprentissages, établir des liens entre des disciplines comme le français et l’éducation culturelle et artistique ou encore la formation manuelle, technique, technologique et numérique.

Marine André s’intéresse, quant à elle, aux écrits intermédiaires au service du développement des connaissances en sciences : ils ont, en effet, un caractère médiateur, intermédiaire entre les représentations mentales qui évoluent, entre l'élève et ses pairs ou encore entre les phases de reformulation des apprentissages réalisés. Dans ces écrits, l’activité langagière est envisagée comme un objet d’enseignement de chaque discipline et non comme une activité transversale.

Écrire pour penser, consolider et partager ses apprentissages dans une visée interdisciplinaire: le rôle des écrits de travail

Patricia Schillings
La mise en place d’un tronc commun polytechnique a conduit à définir des savoirs disciplinaires aussi divers que le français, l’éducation artistique et culturelle et la formation manuelle, technique , technologique et numérique. Au croisement de ces disciplines, certaines activités d’écriture , même très simples, peuvent aider les élèves, même jeunes, à construire des connaissances et plus largement à apprendre leur métier d’élève. Encore faut-il accepter de leur laisser produire des textes imparfaits et d’y poser un regard professionnel curieux dans une visée formative.

Écrire pour apprendre dans les disciplines scolaires : un exemple en sciences

Marine André
Très souvent, les élèves ont peu conscience des différences langagières entre les disciplines. À la fin de l'école primaire, ils semblent s'être construit des représentations des disciplines fondées sur des aspects matériels tels que la couleur d'un classeur plutôt que sur la nature de l'activité cognitive développée au sein de celles-ci (Reuter, 2007). Pour que les élèves apprennent à identifier et à maitriser les modes de penser/ les pratiques discursives des disciplines scolaires, il est indispensable que leurs enseignants soient formés à les leur enseigner. Comment attirer leur attention sur les spécificités des discours produits dans les différents champs disciplinaires ? Cet article s'intéresse à l'utilisation d'écrits intermédiaires pour apprendre et développer des connaissances au travers d'un exemple en sciences.

« Je me concentre comme un cerveau » : quand des élèves de P1-P2 explicitent leur démarche de compréhension d'un album jeunesse

Olivier Leyh
Apprendre à lire tout en apprenant à comprendre, tel est le défi posé par les nouveaux attendus du référentiel de français. La séquence d'enseignement brièvement décrite dans cet article va à la rencontre de ce défi et poursuit l'objectif de dispenser un enseignement explicite de la compréhension en s'appuyant sur des albums jeunesse de qualité. Les données recueillies au fil de cette séquence démontrent qu'évaluer de manière formative les compétences de lecture des élèves dès la première primaire est non seulement possible mais aussi passionnant. Cela requiert de questionner les élèves sur la manière dont ils s'y prennent pour comprendre, des questions difficiles qui suscitent des réponses imparfaites mais essentielles au développement d'un contrôle de leur propre compréhension.

Le portfolio, un outil réflexif au service de l’autoévaluation ?

Soledad Ferreira Fernandez, avec l’aide de Sabine Mahy et Michaël Van Royen

En version papier ou numérique, le portfolio connait un certain succès dans le monde de l’enseignement et est souvent considéré comme un outil capable de développer l'autoévaluation de son utilisateur. Le portfolio ne se laisse cependant pas résumer si facilement : plongée dans la variété de ses usages et finalités.

Penser pour écrire, écrire pour apprendre: des théories aux pratiques d’écriture

Luigia Centurelli, Sara Pandolfi

Après une première analyse des différences entre l’oralité et l’écriture, nous présentons les recherches qui ont étudié les aspects particuliers de la composition écrite, conçues non plus comme une pratique qui vise à obtenir un « produit », mais comme un processus cognitif qui se traduit par la pratique de la parole.

Dans la deuxième partie de l’article, à l’appui de ce qui a été présenté au niveau théorique, des « fragments de la vie quotidienne » sont présentés: des propositions de travail, conçues par les auteurs et faites à l’école, à travers lesquelles il est illustré comment travailler sur la composition écrite avec les apprenants, à quelles fins et avec quelles méthodes. Avec ces fragments, nous n’avons pas l’intention de présenter au lecteur un chemin à proposer à nouveau dans les salles de classe, mais de prouver que, dans chaque niveau scolaire, il est possible d’adopter de « bonnes » pratiques d’écriture qui aident les apprenants non seulement à écrire, mais surtout à apprendre à écrire.

Soutenir les jeunes scripteurs: l’écriture collaborative comme source d’apprentissage, d’échanges et de motivation

Natalie Lavoie, Jessy Marin, Joane Deneault

Proposer des activités d’écriture motivantes et signifiantes est un souci constant pour les enseignants. Puisque les élèves aiment interagir, ne pourrait-on pas exploiter davantage cette possibilité en classe? Cette contribution fait état d’une étude menée dans ce contexte auprès de jeunes scripteurs (7-8 ans). Celle-ci visait à : connaitre le contenu des échanges entre les élèves; vérifier si la qualité des textes qu’ils produisent varie selon le contexte d’écriture (individuellement et en dyade) et si leur motivation diffère en fonction de ces deux contextes. L’article présente l’expérimentation qui a été réalisée, en faisant diverses propositions aux enseignants, puis illustre les résultats obtenus.

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N° ISSN 2736-2329

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