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Les rapports à l'écriture au cycle 1 de l'école romande : frein ou levier pour la formation ?

Patricia Groothuis
Haute École Pédagogique Berne-Jura-Neuchâtel (HEP-BEJUNE, Suisse)

Christine Riat
Haute École Pédagogique Berne-Jura-Neuchâtel (HEP-BEJUNE, Suisse)

Madelon Saada-Robert
Université de Genève (FAPSE)

Citation : Groothuis, P., Riat P., Saada-Robert, M. (2015). Les rapports à l'écriture au cycle 1 de l'école romande : frein ou levier pour la formation ? (en ligne) Lettrure 3, 16-31. ABLF Asbl.
© ABLF ASBL 2013 - ISSN: 2294-7183

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Les auteures

Patricia Groothuis est formatrice-chercheure à la Haute École Pédagogique Berne-Jura-Neuchâtel (HEP-BEJUNE, Suisse). En tant que spécialiste en didactique du français et en sciences de l'éducation pour les deux premières années du cycle 1 (élèves de 4-6 ans), elle enseigne en formation initiale principalement et intervient ponctuellement en formation continue. Sa thèse de doctorat (en cours) porte sur l'Entrée dans l'écrit à travers le regard des enseignants des premiers degrés de la scolarité. Elle est intégrée au GRAFE (Groupe de Recherche pour l'Analyse du Français Enseigné) à l'université de Genève sous la responsabilité des professeurs J. Dolz et B. Schneuwly. À la HEP-BEJUNE, elle fait partie de l'unité de recherche « Interactions sociales dans la classe et approches didactiques »(coordinateur Dr M. Giglio) et mène conjointement avec Mme Christine Riat une recherche relative à l'entrée dans l'écrit et à l'implémentation du nouveau moyen d'enseignement/apprentissage « Dire écrire lire au cycle 1 de l'école romande » dans les degrés 1 et 2 de la scolarité obligatoire dans l'espace BEJUNE.

Christine Riat est formatrice–chercheure à la Haute École Pédagogique Berne-Jura-Neuchâtel (HEP-BEJUNE, Suisse). Elle est spécialiste en didactique pour les deux premières années du cycle 1 (élèves de 4-6 ans) et enseigne également les sciences de l'éducation. Sa thèse de doctorat (en cours) porte sur une étude comparée de l'action conjointe maître-élèves (4-6 ans) dans les disciplines du français et des mathématiques. Elle fait partie du Groupe de Recherche en didactique comparée à l'université de Genève (FAPSE), sous la responsabilité de la professeure F. Leutenegger. En parallèle, elle est intégrée à l'unité de Recherche HEP-BEJUNE « Interactions sociales dans la classe et approches didactiques » (coordinateur Dr M. Giglio) et mène avec Mme Patricia Groothuis (doctorante) une recherche relative à l'entrée dans l'écrit et à l'implémentation du nouveau moyen d'enseignement/apprentissage « Dire écrire lire » dans les degrés 1 et 2 de la scolarité obligatoire de l'espace BEJUNE.

Madelon Saada-Robert est professeure retraitée en Sciences de l'Éducation à l'université de Genève (FAPSE). Depuis les années '90, elle s'est consacrée à l'étude des apprentissages scolaires de la lecture/écriture chez le jeune enfant (4-8 ans). En partenariat avec les enseignants, ses recherches se sont orientées sur l'Entrée dans l'écrit (EE), avec trois analyses conjointes: celle des composantes du savoir en jeu dans les situations didactiques d'EE, celle des stratégies d'apprentissage de la lecture/écriture des jeunes élèves et celle des gestes professionnels des enseignants propres au « guidage interactif ». Ses recherches ont finalement porté sur les microgenèses didactiques, par l'analyse des interactions enseignant-élèves lors de l'Entrée dans l'écrit, notamment dans la situation d'écriture émergente provisoire. En collaboration avec d'autres spécialistes en Suisse romande, elle a récemment conçu un moyen d'enseignement/apprentissage, commandé et édité par la Conférence Intercantonale sur l'Instruction Publique: « Dire écrire lire au cycle 1 de l'école romande ».

Résumé

Faisant suite à l'introduction d'un nouveau moyen d'enseignement/apprentissage de l' « Entrée dans l'écrit » au cycle 1 de l'école romande, en Suisse, cette contribution vise à cerner quelles sont les résistances exprimées par les enseignants, concernant la production d'écrits demandée aux jeunes élèves. Elle émane du constat tiré de formations continues et initiales liées à l'implémentation du nouveau moyen, constat selon lequel « faire écrire » des enfants avant qu'ils ne connaissent les lettres et ne soient capables de segmenter les sons, est considéré par de nombreux enseignants comme inadéquat. Le défi majeur de cette contribution est de mettre à disposition des enseignants et des formateurs un outil, issu de la recherche de ces 20 à 30 dernières années, permettant d'argumenter en faveur des activités d'écriture au premier cycle de l'école. Les résultats présentés ici portent sur le rapport à l'écrit tiré du discours des enseignants d'une part, et sur son lien avec le rapport à l'écrit exprimé par les jeunes élèves dans leurs productions d'écrits, d'autre part. Un décalage entre les deux est constaté. Il est alors proposé d'accentuer, dans la formation, un espace discursif outillé, prenant comme objet les interactions enseignant-élèves filmées en classe. La réflexion pourrait ainsi se déplacer de: faire écrire les jeunes élèves d'emblée « juste », vers: les amener à progresser depuis là où ils en sont, ici et maintenant, en s'investissant dans une construction conjointe du savoir.

Abstract

This contribution is following the introduction of a new methodology of teaching reading and spelling-writing in the first two years of the Swiss French-speaking school. As could be expected, some resistance was expressed by the teachers during the formation that was given to them. Moreover, it is the activity of spelling-writing that was received as inappropriate, young children being not yet able to know letters and to segment phonemes. The challenge of this paper is to point out the large work in the fields of emergent literacy, developmental psycholinguistics, and didactic aiming at the analysis of interactions in the classroom, produced in research this last 20-30 years. It shows how young children deal with spelling-writing long before they learn it formally at school. The analyses presented here aims at a comparison between teachers' representations of spelling-writing and its obstacles, and the way pupils themselves produce writings. As a gap between them is pointed out, it is proposed to consider teachers' formation as a discursive reflection about the interactions of teacher-pupils in the classroom (videotaped), so as to explicit their own concern with spelling-writing: « to be memorized and automatize directly with its code » or « to be discovered and progressively constructed by the child, with others and the teacher as partners of its learning ».