Le coin lecture

La colonie de vacances

Fanny Dreyer
Éditions Albin Michel Jeunesse, 2021 (coll. Trapèze)

Par Brigitte Van den Bossche

La colonie de vacances de Fanny Dreyer séduit par ses qualités narratives et visuelles. Cinq enfants se retrouvent en montagne dans un camp de vacances estivales. Tout au long d'un séjour rythmé d'activités et d’aventures diverses, ils se racontent, observent, ressentent, apprennent : séparés de leur famille, ils sont confrontés à la vie en collectivité. Louise, Marco, Jeanne, Nina et Ali, âgés de 6 à 10 ans, révèlent chacun, chacune leur individualité ; ils apprécient, craignent, réprouvent toutes sortes de choses ; l'une entame là sa première expérience de colonie et les autres ont déjà gouté à ces odyssées d'été. Ensemble, ils vont s'épanouir au gré des jeux, échanges, chansonnettes et randonnées... au fil des jours, au fil des nuits.

 

Les petits

Marion Fayolle
Éditions Magnani, 2020

Par Brigitte VdB

Les images de Marion Fayolle s’imposent par l'étrangeté allégorique de leur contenu, la singularité de leur composition, leur atmosphère si particulière alliant souvent poésie et causticité. Formée à l'Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg, l'artiste met en scène dans ses albums une nature humaine traversée par des histoires universelles, des sentiments complexes, des relations interpersonnelles – des « aventures » que révèle un graphisme élégant, sobre et au trait rythmé. Les petits, son huitième et dernier opus, ne déroge pas à la règle... intégrant la lignée d'une oeuvre cohérente et puissante dans laquelle l'artiste se délecte à jouer avec les corps – et les échelles entre eux – au point de les désarticuler comme s'il s'agissait d'objets.

 

Mè keskeussè keu sa ?

Michel Van Zeveren
École des loisirs, Édition Pastel  2016, 2020

Par Graziela Deleuze

Mè keskeussè keu sa ? C’est la question que se posent Koko et Kiki, un couple vivant à l’époque de la préhistoire (leurs habits et le décor sont sans équivoque) quand ils découvrent, par terre, dans leur grotte, une petite « chose » dont ils se demandent comment elle a pu arriver jusqu’à eux… Trouvé par terre, c’est crasse alors, hein dit Koko. Akeuh crasse évidemment répond Kiki. Mais commence alors l’observation minutieuse de la «crasse» par le couple.

«Drôle» est le premier caractérisant qui nous vient à l’esprit lorsque nous cherchons à qualifier ce récit. Drôle parce que l’étonnement, l’ignorance et la déduction douteuse («trouvé terre, c’est crasse») de Kiki et Koko sont admirablement rendus par leurs mimiques, leurs attitudes et par leur langage reproduit de manière phonétique avec une syntaxe lacunaire.

Touchant cet album l’est aussi car l’examen de la «crasse» prend du temps et en devient attendrissant. La conclusion de l’analyse tarde à venir et maintient le suspense sur le sort qui sera réservé à cette «crasse». Le lecteur s’amuse et s’émeut d’assister en voyeur à la découverte de ce qu’il avait repéré, lui, dès la première de couverture : un petit être vivant…
Michel Van Zeveren nous livre un album que Tauveron qualifierait de «proliférant», c’est-à-dire sujet à des interprétations multiples dont on aurait tort de se priver : si la thématique est bien celle de l’accueil d’un être vivant sans défense, le lecteur peut s’interroger sur l’origine de celui-ci. Est-ce un bébé (mais ses cheveux sont longs) ? Était-il attendu ? Espéré ? Comment est-il tombé «comme ça», du ciel? Nous nous garderons bien de trancher : soyez les bienvenus dans l’imaginaire de Michel Van Zeveren et dans la grotte de Kiki et Koko.

 

 

 

Gloria

Martine Pouchain
Éditions Sarbacane, 2017

Par Déborah Danblon

Jeune fille aux États-Unis, quand elle était encore au lycée, Gloria s’est amourachée de son professeur de théâtre et s’est retrouvée enceinte. Elle a « arrangé » les choses en permettant à une femme stérile de déclarer l’enfant comme son propre fils. De toute façon, elle sentait bien qu’elle était trop jeune pour devenir mère, toute à ses espoirs d’avenir et de succès, persuadée qu’Hollywood n’attendait qu’elle. Hélas, pour elle, comme pour tant d’autres, entre les rêves et la réalité, le fossé fut implacable. Et quand, à 25 ans, sa carrière toujours à l’arrêt, elle apprend qu’elle ne pourra plus avoir d’enfant, son impulsivité ne fait qu’un tour, elle saute dans sa voiture, va chercher le gamin là où elle l’avait laissé et part avec lui sur les routes, avec une seule idée en tête, se faire aimer de lui. Une fameuse gageure, dans la mesure où le fiston déborde de la jugeotte et du raisonnement qui manquent cruellement à sa mère biologique. Et voilà le tandem en partance, cahin-caha, vers des aventures dont l’un se passerait bien et qui dépassent de très loin l’autre et son cœur d’artichaut.

Grâce à son écriture et sa formidable capacité à camper des personnages attachants, au point d’en être bouleversants dans certaines scènes, Martine Pouchain transforme la situation – déjà souvent vue – du duo mal assorti sur la route, en un immense moment de tendresse, qui nous prend au cœur et ne nous lâche plus, même une fois le roman refermé. Elle nous sert un récit doux et bienveillant, dont l’intérêt repose certes sur la rencontre de deux êtres mais aussi sur le chemin intérieur qu’ils font chacun en retrouvant l’autre. Les ressorts dramatiques ne sont pas un instant dans l’inquiétude qu’on pourrait ressentir pour l’enfant mais plutôt dans la crainte qu’ils ne se croisent pas. Une histoire forte et belle, où chacun découvrira, espérons-le, sa juste place.

 

 

 

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N° ISSN 2736-2329

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